Autrice : Rébecca Derrien
Université : Université de Montpellier – UFR STAPS
Parcours : Master 2 Entraînement et Optimisation de la Performance Sportive – Préparation Psychologique et Coaching
Introduction
Les sports extrêmes tels que le BMX freestyle exposent les athlètes à des situations à haut risque, dans lesquelles la peur est une émotion omniprésente (Kunwar, 2021). Cette peur peut être exacerbée par des blessures antérieures, influençant la manière dont les athlètes perçoivent les dangers potentiels. La perception du risque, définie comme l’évaluation subjective du potentiel de blessure ou de décès inhérent à une activité (Davis-Berman & Berman, 2002), joue un rôle fondamental dans la prise de décision sportive.
Cette perception est fortement influencée par :
- les expériences passées (blessures, chutes),
- les émotions négatives, notamment la peur,
- et le niveau d’auto-efficacité (AE), c’est-à-dire la croyance en ses capacités à gérer une situation menaçante (Bandura, 1997).
Ainsi, les blessures antérieures augmentent la perception du risque, ce qui élève la peur et diminue l’AE, menant à une prise de risque sous-maximale. Cette spirale négative limite la performance et renforce les comportements d’évitement (cf. figure 1)

Objectif :
Tester l’efficacité d’un programme d’intervention en préparation mentale sur le dialogue interne (DI) sur un jeune rider (pôle espoir) de 17 ans ayant subit un traumatisme cranien en BMX freesryle. Le but est de :
- réduire la peur,
- améliorer l’AE,
- modifier la perception du risque,
- et restaurer une prise de risque adaptée à la performance.
Méthodologie
Un protocole d’intervention en préparation mentale de 8 semaines a été construit à partir du modèle de Hardy et al. (2008) sur le DI, intégrant quatre dimensions : comportementale, cognitive, affective et motivationnelle. Chaque séance hebdomadaire visait à construire des phrases clés sur chaques thématiques énoncées précedemment permettant de contrer les pensées parasites, de renforcer la concentration, de réguler les émotions (comme la peur) et d’ancrer des croyances de compétence.
L’évaluation a été réalisée selon une méthode mixte :
- Qualitative : entretiens semi-directifs explorant la peur, la perception du risque et le contenu du dialogue interne.
- Quantitative : échelles standardisées mesurant :
- La peur de se blesser (Cartoni et al., 2005),
- La perception du risque (RISSc, Kontos, 2000),
- L’auto-efficacité (adaptation de la Climbing Self-Efficacy Scale),
- La prise de risques (adaptation du RISSKI, Paquette et al., 2009).
Les mesures ont été prises en trois temps : pré-intervention (T1), post-intervention (T2), et cinq semaines après (T3).
Résultats
L’intervention en préparation mentale a permis une amélioration significative de l’auto-efficacité du sportif (score passant de 520 à 783/1000), une diminution de la peur de se blesser (de 18/20 à 12/20), et une réduction de la perception du risque. La prise de risque a augmenté. Le DI est devenu plus orienté, proactif et positif. Les données qualitatives confirment une évolution du discours interne du rider, qui se dit plus confiant, moins paralysé par la peur et davantage engagé dans ses figures.
Discussion
Les résultats confirment l’impact positif d'un programme en préparation mentale (DI) dans la gestion de la peur liée à la prise de risques, en particulier en contexte de sport extrême. L’augmentation de l’AE semble jouer un rôle clé dans la modification des comportements d’évitement. Les limites résident dans l’étude de cas unique et l’absence de groupe contrôle. Des perspectives d’application à d’autres athlètes blessés ou bloqués par la peur sont discutées.
Mots-clés : Dialogue interne, Auto-efficacité, Prise de risques, Peur de se blesser, BMX freestyle, Préparation mentale.